C’est une question à laquelle on est très vite confronté car même si notre motivation est profonde, il n’est pas aussi simple de passer du salariat à l’entrepreneuriat.
Vous êtes dans une grande euphorie, vous avez enfin quitté votre CDI et vous avez créé votre entreprise. Mais cela ne fait pas forcément de vous un entrepreneur. Car cela demande un gros travail de changement au niveau de votre état- d’esprit.
Dans un précédent article, j’avais déjà évoqué l’importance du mindset dans l’entrepreneuriat mais dans cet article, j’ai envie de revenir plus précisément sur ce cap à franchir entre la posture du salarié et la posture de l’entrepreneur.
Pour certains, l’entrepreneuriat est un rêve depuis de nombreuses années mais la désillusion peut être parfois rude.
L’entrepreneuriat, c’est un très long travail d’introspection, de travail sur des croyances ou des automatismes qui sont bien présents malgré cette impression de détachement.
En étant salarié, il y a des tas de mécanismes que l’on intègre au fil des années. Il n’est pas toujours facile de s’en débarrasser.
Je vais aborder 5 aspects sur lesquels il faudra sans doute travailler et instaurer d’autres mécanismes pour incarner pleinement votre nouvelle posture d’entrepreneur.
# 1 Le rapport à la rémunération
Lorsque l’on devient entrepreneur, on dit adieu au salaire fixe et aux primes qui tombent tous les mois.
L’argent ou du moins la peur d’en manquer est une énorme pression au départ.
Dire au revoir également aux avantages auxquelles nous sommes si attachés.
Plus de congés payés, de RTT, de comité d’entreprise, de chèques- vacances, mutuelle, etc.
Une chose également qui va radicalement changer, c’est que vous n’allez plus être payé au mois sur la base d’un travail plus ou moins abstrait mais vous allez être payés par quelqu’un directement pour votre produit ou votre prestation de services.
Quand on vous a dit qu’une heure de travail valait en moyenne 8 €, il va être très difficile pour vous d’estimer la valeur réelle de votre travail. Fixer vos tarifs sera sans aucun doute l’étape la plus difficile.
Cela peut paraître paradoxal mais vous allez avoir peur de gagner de l’argent car, pourquoi avant pour vos compétences équivalentes, on vous payait si peu cher alors que maintenant vous pouvez gagner le triple.
Par conséquent, vous allez très certainement être touché par ce que l’on appelle, le syndrome de l’imposteur.
Il faudra également être capable de faire la différence le chiffre d’affaires gagné par votre entreprise et votre rémunération personnelle.
Vous allez être complètement dérouté par cette différence.
Vous êtes responsable de votre rémunération. Et là aussi, c’est un véritable casse-tête.
Il faudra prendre en compte en quelque sorte une « double rémunération » celle qui sera destinée au bon fonctionnement de votre entreprise et celle qui vous sera personnellement destinée.
C’est une nouvelle responsabilité qui n’est pas facile à gérer.
Se transformer en gestionnaire ou comptable ne se fait pas du jour au lendemain.
# 2 L’évolution de carrière
Au sein d’une entreprise, les perspectives d’évolution sont contraintes par un certain nombre de critères. Vous avez un processus à suivre pour atteindre une possible évolution professionnelle.
Lorsque vous êtes votre propre patron, la notion d’évolution professionnelle est complètement différente. Ce n’est pas seulement votre propre personne qui évoluera et changera de niveau mais c’est aussi votre entreprise qui évoluera également.
Mais cette évolution sera dépendante de vos prises de décisions, de vos engagements et de vos stratégies.
Il faudra aussi être en mesure de vous former, de vous faire aider pour investir dans votre évolution.

# 3 Le système hiérarchisé
On n’a plus de patron, on n’a plus de manager. À première vue c’est top mais quand on vous a donné des instructions la majeure partie de votre vie, pas facile de s’en donner tout seul.
Il n’y aura personne pour vous conseiller sur vos décisions, vous êtes le seul maître à bord. Et surtout vous êtes le seul à porter sur votre dos toutes les responsabilités.
Quand on vous disiez de mettre en place des choses, comment le faire et en combien de temps, aujourd’hui, plus personne n’est là pour vous guider.
Vous allez certainement tourner en rond pendant de longues semaines en vous demandant si c’est la bonne décision ou la bonne stratégie à mettre en place. Personne ne vous fixera non plus un délai.
Avoir une posture de décisionnaire ne s’improvise pas !
# 4 La gestion du temps
Le temps, la bête noire des entrepreneurs débutants. Lorsque vous êtes salariés, on vous attribut un nombre d’heures par semaine et on vous fixe des plages horaires imposées.
Dans votre esprit, votre vie de salarié et votre vie personnelle sont clairement délimitées.
Lorsque l’on se lance dans l’entrepreneuriat généralement c’est que l’on est de base passionné par cette nouvelle activité donc qui dit passion dit souvent ne pas avoir l’impression de travailler.
Vous allez donc vous plonger dans votre passion presque 24h/24 soirées et week-ends compris.
Attention a la contradiction avec l’envie de liberté que vous convoitiez au départ.
Il va falloir vous tenir à mettre en place une organisation et un temps de travail bien identifié dans votre agenda afin d’éviter les dérives et le travail inutile.
# 5 La multi-compétence
Généralement, lorsque l’on est salarié, on a un poste bien identifié, stipulé sur notre contrat de travail et nos bulletins de salaire.
Cela n’est pas du tout le cas lorsque l’on est entrepreneur. On a un statut et non plus une fonction.
Qu’est- ce que l’on va englober dans ce statut comme tâches au quotidien.
Dans un premier temps, cela risque d’être difficile de qualifier votre « métier », votre activité.
Vous allez au départ sans doute bégayer un peu !
Vous perdez vos repères, vous allez devenir multi – tâches.
Vous avez une activité de base certes, mais il va falloir aussi développer d’autres connaissances qui vous incomberont en tant que chef d’entreprise. La comptabilité, la communication, l’administratif, etc.
Vous allez être sur tous les fronts. Quand avant ont vous demandé seulement de faire ce dont pourquoi on vous a embauché, aujourd’hui on vous demande de porter sur vos épaules tout un tas d’autres fonctions.
Difficile dans ces cas- là de garder la même efficacité dans vos compétences de base. Cela peut être un peu déroutant et frustrant au début.
Vous voyez, ce n’est pas si simple de passer du salariat à l’entrepreneuriat. On ne naît pas soit salarié soit entrepreneur car dans les deux cas c’est un apprentissage que l’on acquiert au fil des années.
Votre motivation aussi profonde soit elle ne doit pas vous faire oublier qu’il y aura un certain nombre de paramètres à travailler.
Ne soyez pas naïf en pensant que le fait de devenir votre propre patron vous en fera devenir un pour de bon.
Pendant un moment vous allez traîner avec vous votre « valise » de salarié et il va falloir vous faire violence pour la laisser au prochain aéroport.
Dès le départ, il faut en avoir conscience et travailler ces aspects au fur et à mesure de votre nouvel apprentissage.
Malheureusement, beaucoup abandonnent car la désillusion est trop forte et le changement d’état d’esprit est parfois un énorme combat intérieur.
Avant de vous lancer dans l’entrepreneuriat, posez- vous les bonnes questions. Accepter de devoir mettre en cause un certain nombre de choses. Même si la route est longue si c’est ce qui vous anime au fond de vous alors pas de doutes, la réussite est au bout du chemin.
Alors, dites- moi en commentaire, est- ce que vous aviez conscience de tous ces aspects ? Pensez- vous qu’il est indispensable d’y travailler ?
Merci beaucoup pour cet article Marina qui nous rappelle bien les avantages et inconvénients de l’entrepreneuriat et le salariat. Personnellement, je me suis mis à mon compte il y a quelques années. Avec le recul, je pense qu’il faut une petite dose d’inconscience pour se lancer car ce qui peut être déroutant ce sont les désillusions et ou manque de projections. Mais à côté de ça il y a tellement d’avantages : liberté de rythme, liberté de tarification, liberté de sélection des clients (quand cela est possible), etc.
Tous les jours, je me pose la question : ai-je fait le bon choix ? Et puis, je me dis qu’en entreprise ce n’est pas toujours le mérite qui est récompensé. Donc cela me conforte dans mon choix. 🙂
Ton article me parle beaucoup car je suis passée du salariat à l’entreprenariat. J’ai pris le temps qu’il me fallait afin de désamorcer mes peurs, de faire le deuil de mon salaire et de mon titre…et c’est comme ci j’avais eu besoin de supprimer certains « programmes » ou « logiciels » dans mon cerveau pour les remplacer par d’autres. Je pense que si on ne se prépare pas, si on ne voit que les avantages sans voir les inconvénients, alors oui, on peut vivre une grande désillusion !
Très juste ton article. Je vois d’autres aspects qu’on a aussi en tant qu’entrepreneur qu’on n’a pas en tant que salarié, comme le fait de se faire connaître et de se vendre au-delà du tarif que l’on va fixer. Certains l’avaient peut-être déjà en tant que salarié mais ce n’est pas mon cas et j’avoue que c’est ça qui est le plus compliqué pour moi.
Pour être passée par là, c’est effectivement très compliqué de se lancer, pour toutes les raisons citées dans cet article. Pour ma part, le plus difficile est la multi-compétence. Il faut être sur tous les fronts et parfois, c’est un peu décourageant. Il ne reste plus qu’à déléguer 🙂
Pour moi, le plus difficile lorsque je suis passée du salariat à l’entreprendrait a été mes proches (leurs avis, réactions et réflexions)